« Avec le schizophrène : la rencontre par excellence », par Philippe Lekeuche (2011)
« Qu’est-ce qui est rencontré dans la rencontre ? C’est toujours quelque chose qui n’est pas assimilable. Si toute rencontre est par essence manquée, le schizophrène nous place au cœur de la rencontre, car ce qui peut sembler être, de prime abord, une non-rencontre avec lui, une rencontre impossible, cela même constitue la rencontre dans ce qu’elle a de plus radical. (…) Toute rencontre se passe d’abord, immédiatement, in corpore. Le schizophrène, même s’il n’en fait pas état explicitement, est là, toujours d’abord, dans un certain rapport à son corps. Non qu’il soit dans son corps ou qu’il habiterait son corps comme on se loge dans une maison. Car ce corps, le sien, pour lui est étrange, certaines parties peuvent lui sembler étrangères, agissant par elles-mêmes, autonomes : le problème du faire-corps, du prendre-corps, de l’incarnation, est chez lui catastrophique. »